23 4 2024

Deux nouveaux livres du dr Vladimir Mitz

Standards de beauté ?

; il faut bien admettre que les critères de beauté ont évolué au cours des générations, mais les normes de beauté actuelle sont encore largement imprégnées des conceptions de la beauté en fonction des différentes régions géographiques sur lesquels on souhaite porter un regard analytique.

Ainsi dans notre civilisation indo-européenne, un beau visage caractérisé par un ensemble de traits :  sont considérées avec admiration une certaine symétrie des lèvres ourlées sans être surgonflées, un regard perceptible sous des sourcils bien dessinés, et un nez fin pas trop long à la pointe élégante. Le cou doit être long et dégagé, les oreilles non décollées, la chevelure présente et bien proportionnée à l’ovale du visage ;

Les études qui ont été faites par une superposition informatique de beaux visages chez des individus devenus irréels, sans réalité d’existence de support de chair et d'os, nous donnent une image plutôt fade d'une beauté théorique sans goût.

La beauté « populaire » féminine est plutôt représentée par des visages de stars comme Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor, Hedi Lamarr, Brigitte Bardot, Monica Bellucci, et plus récemment, Nathalie Portman, Scarlett Johannson, et cetera. Un charme personnel, une aura singulière habite ces stars iconiques

Un regard rapport attentif porté sur ces visages montre qu'il n'y a pas de symétrie absolue mais qu'il existe des traits remarquables qui de plus prennent bien la lumière au moment de la photo ou de la vidéo. C'est ce qui s'appelle la photogénie sur lequel de nombreux travaux ont été écrits dont un remarquable travail de Raquel Fonseca, chercheuse en philosophie de l'image.

(PORTRAIT & PHOTOGÉNIE - Photographie & chirurgie, editeur Harmattan, 2015)

L'exagération de certains traits du visage est plutôt l'apanage de cet article cité : certains jeunes ont besoin d'affirmer des caractères singuliers de leur apparence pour attirer l'attention plus que pour être beaux.

N'est pas beau qui veut ! Nous, en tant que chirurgien esthétique, entendons parfois un patient dire : « docteur faites-moi beau parce que je me trouve laid et peu réjouissant. » 

Ayant eu plusieurs patients de ce type, j'ai réalisé qu'il fallait des opérations multiples pour parvenir à obtenir un résultat satisfaisant aussi bien pour le patient que pour l'observateur : agir conjointement au niveau des pommettes du nez de la lèvre du menton des joues, tout en conservant une identité reconnaissable pour le patient. C'est donc un travail très important au niveau technique si l'on souhaite effectuer ces modifications à la fois subtiles et pertinentes. Tous les patients ne sont pas aptes à accepter ces nombreuses interventions qui en plus sont rarement réversibles. Ce qui fait que les demandes de patient voulant devenir « beau » alors qu'il ne se trouve pas suffisamment attirant peuvent aussi témoigner d'un problème psychologique- bien qu'il soit très facile de leur dire maquillez-vous et faites sortir votre personnalité par votre regard et vos paroles- pour dénier une opération et psychiatriser un comportement d’une e demande qui paraît disproportionnée.

Toutefois mon maître Paul Tessier (qui avait mis au point la chirurgie cranio-faciale) opérait des monstres au visage difforme et leur redonnait une vie acceptable par des interventions ostéo-cutanées extrêmement complexes et dangereuses. Cela a cela a aussi été le cas des greffes du visage effectuées par le professeur Lantieri sur des patients présentant un syndrome de Recklinghausen(tumeurs monstrueuses déformant la face): Ils ont publiquement admis qu'ils se cachaient autrefois, reclus dans la société intolérante avant l'intervention, puis malgré la gravité de celle-ci, ils  retrouvaient un semblant de vie normale.

En conclusion je ne pense pas que les standards de beauté ont réellement beaucoup changé; je pense qu'au contraire ils ont une certaine stabilité depuis plusieurs générations mais que la jeune génération veut privilégier certains aspects considérés comme à la mode, afin de se faire remarquer et de monnayer ce renouveau d'apparence- au même titre que les tatouages , le crâne rasé,ou des piercings incongrus et dangereux.

Qui pousse un patient à subir une chirurgie esthétique?lui même ou les proches?

Une journaliste en interviewant une psychologue, apparemment très fine et pointue, essaie de répondre à la question" une chirurgie esthétique est-elle juste pour moi en ce moment?"
Le facteur discriminant pour répondre à cette question est: S'agit-il décision personnelle, ou bien cela provient-il des critiques de l'entourage?,  car bien des familiers sont source d'appréciation négative et de création de complexes...
Je trouve que la réponse à cette question n'est pas aussi simple qu'il y paraît; en effet tout du long de la formation psychologique de l'enfant et de l'adolescent, c'est le rapport aux autres qui va modeler la perception qu'on a de soi-même, car nul enfant ne nait avec un idéal de beauté absolue, y compris chez les passionnés de la mythologie grecque!
Si la psychologue consultée considère que seul le narcissisme ébréché  par une constatation d'un défaut physique aboutit à l'acceptation d'une opération, cette situation s'accompagne aussi souvent une forme de déséquilibre discret et d'une fragilité de la personnalitalors nous chirurgiens pouvonst être réticents avant d'accomplir l'opération rêvée
Finalement les considérations inter familiales, ou le frottement à la dure dans le milieu scolaire, en dehors même de tout harcèlement pathologique, peut significativement contribuer à créer un complexe chez l'adolescent.
Par contre là où cette psychologue a manifestement raison, c'est quand elle signale qu'il peut être inapproprié d'opérer quand la souffrance provient de la critique du mari ou des enfants-voire des petits enfants, et pousse un ou une patiente vers une opération de chirurgie esthétique, pour diminuer un aspect physique considéré comme inesthétique.
En pratique c'est toutefois relativement fréquent, notamment dans la tranche d'âge des 50 70 ans, du fait de la poussée sociétale vers le jeunisme intolérant.
Il me semble qu'il faut toutefois moduler ces affirmations péremptoires par le fait que le vieillissement est un phénomène inégalitaire, et qu'il n'y a pas de règle générale: Chaque patient est particulier spécifique, méritant une écoute attentive afin de déterminer au cas par cas si un geste chirurgical conservant un côté naturel et peu visible peut apporter un bien-être: Le passage par le physique semble bien moduler une amélioration du véhicule psychique!

Des opérations dicrètes chez les stars!

Des opérations discrètes mais efficaces

Voici  un phénomène bien connu des chirurgiens plasticiens: Lorsqu'une femme ou un homme se fait opérer, les résultats peuvent étonner voire entraîner des réactions négatives de la part des membres de la famille proche ou parfois même de parfaits inconnus au sens critique aiguisé.
Pourtant les techniques modernes, qui entre parenthèses, reprennent certains des concepts utilisés par les chirurgiens des années 30, tels Suzanne Noël ou Raymond Passot, tous deux élèves du génie chirurgical que fut Hippolyte Morestin: Il s'agit de faire des opérations dont les résultats sont très naturels afin d'éviter les critiques surtout si les patients sont exposés au public du fait de leur travail ou de leur vocation artistique.

Comment rendre les opérations plus discrètes?
Il y a deux nécessités:
1) respecter la place naturelle des éléments que l'on mobilise chirurgicalement, et utiliser des vecteurs de tension qui ne déforment pas le visage ou le corps; ceci est particulièrement nécessaire quand on opère le visage en faisant des liftings non seulement au niveau de la peau mais aussi des structures plus profondes-le SMAS) souvent avec une addition de lipofilling volumateur.
2) bien disposer les cicatrices en les rendant les moins visibles possible, au besoin par des techniques de suture intradermique avec des fils résorbables.

La conception des mini lift refait surface!

Dans le cas de Sarah Bernhardt,

les interventions qu'elle avait subi avait été relativement minimales aux États-Unis, avec des résultats peu satisfaisants; du fait de la carrière prodigieuse de cette actrice et de ses complexes d'apparence, ilfut nécessaire que Suzanne Noël reprenne ses opérations de liftings par des petits gestes chirurgicaux sous anesthésie locale pure en lui faisant boire une tasse de thé; à chaque fois cela entraîna un léger mieux- ce qui permit d'améliorer la situation physique mais aussi entraîna une grande satisfaction psychologique, et donc booster l'activité de la séduisante et infatigable comédienne.