3. août, 2018

un historique de la chirurgie réparatrice

voici une jolie publication parue dans le journal le temps d'aout 2018:

"Changer son apparence ou reconstruire une partie du corps abîmé par les infections, les blessures ou encore les défauts congénitaux… La quête d’harmonie physique semble avoir préoccupé les hommes depuis la nuit des temps. Pour preuve: durant l’Antiquité, on pratiquait déjà la chirurgie réparatrice, notamment à l’aide de prothèses de nez que l’on fixait sur le visage avec de la sève de plantes.

Le traité de chirurgie indien Sushruta Samhita, datant d’il y a plus de deux mille cinq cents ans, décrit par ailleurs – avec moult détails – les techniques avec lesquelles les médecins procédaient à des rhinoplasties pour réparer les nez amputés, punition courante pour les délits tels que l’adultère: «D’abord, on prend une feuille d’une plante rampante assez grande pour recouvrir la zone qui a été enlevée. Puis un lambeau de peau de même taille sera prélevé de la joue de bas en haut, et tourné pour recouvrir le nez. La partie à laquelle cette peau doit être attachée devra être scarifiée et le chirurgien doit joindre les deux parts rapidement mais avec sang-froid.»

Terrain d’expérimentation

Au XVIe siècle, le chirurgien italien Gaspare Tagliacozzi,pionnier de la chirurgie faciale, met au point une technique appelée «greffe italienne», permettant d’éviter que les tissus prélevés ne meurent précocement, faute de vascularisation suffisante. Cette méthode consistait à découper un morceau de la peau du bras pour l’apposer sur le nez, tout en en laissant une partie attachée. L’opéré devait ensuite conserver le bras fixé contre la tête durant environ vingt jours, avant que le pédicule ne soit sectionné. Si la technique, efficace, a été utilisée jusqu’au XXe siècle, question confort du patient, on a vu mieux.

Malgré quelques précurseurs, la chirurgie réparatrice, ou esthétique, ne prend vraiment son essor qu’au siècle dernier, plus précisément durant la guerre de 14-18, qui fournit aux médecins un terrain d’expérimentation considérable. «C’est la première fois que l’on fait face à un nombre aussi important de personnes gravement défigurées, retrace Yannick Le Henaff, maître de conférences en sociologie à l’Université de Rouen. Les médecins, qui n’étaient pas nécessairement formés aux techniques de chirurgie reconstructrice, apprirent sur le tas, tentant de redonner une dignité à ceux que l’on considérait comme des héros de guerre. Sur certains cas particuliers, on a procédé à une dizaine, voire à une vingtaine d’interventions.»"

 

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