28. juil., 2021

les accros à la chirurgie esthétique: un article dans gala à paraître en aout

article écrit par Virginie Picat

Vous ne l’avez peut-être pas reconnue au premier abord. Mais la blonde souriante dans la décapotable sur la photo ci-dessus n'est autre que Tori Spelling. Oui, l’actrice de Beverly Hills, la série culte de la fin des années 90 ! 48 ans sur son passeport, vingt de plus dans la vraie. Ce n’est pas la rumeur de son couple à l’agonie qui étire ses traits à outrance, mais bel et bien, l’abus d’actes esthétiques. Mais comment une personnalité tellement en vue, riche à millions, peut-elle en arriver à de telles extrémités ? Parce qu’elle n’a pas fait la paix avec son image. « Cela arrive au moins une fois dans une vie de ne pas être en accord avec ce que l’on voit dans sa glace. Un phénomène que l’on arrive à dépasser plus ou moins bien. Les stars, elles, possèdent une exigence exacerbée lorsqu’il s’agit de leur physique. Elles vont traquer la moindre ride, la moindre perte de tonicité et multiplier les actes », explique la journaliste Linh Pham, fondatrice du site spécialisé Le journal de mon corps. Regardez Madonna. A 62 ans, l’interprète de Like a virgin, se poste non stop sur Instagram, avec une peau lisse de jeune fille mais le visage si bouffi qu’il en est déformé. Alors pourquoi ces dérives alors que ces stars sont entre les mains des meilleurs spécialistes ? « Pas obligatoirement. Elles ne sont pas nécessairement les mieux conseillées, poursuit Linh Pham. Elles voient graviter autour d’elles des médecins “paillettes“, qui communiquent beaucoup sur les réseaux sociaux, pas toujours très recommandables, et prêts à se plier à toutes leurs exigences de leur patientèle en or massif, même les plus farfelues ». A force de multiplier les actes, les Madonna, Lara Flynn Boyle, Daryl Hannah, Melanie Griffith... finissent par perdre leur référentiel. Et que dire des sources d’inspiration des droguées de l'aiguille ? Elles font froid dans le dos. « Les quinquas vont s’inspirer de jeunes femmes qui pourraient être leurs filles et qui elles-mêmes raffolent d’une esthétique hyper trafiquée, qui se voient comme le nez au milieu de la figure », constate Linh Pham. A tel point que lorsqu’une femme franchit la porte de leur cabinet une photo de star à la main, certains spécialistes refusent de s’en occuper.

Le Dr Vladimir Mitz, chirurgien esthétique et auteur de Chirurgie Esthétique Pour ou contre, paru chez Flammarion, y voit plutôt un outil qui permet de comprendre le souhait de la patiente sans pour autant accéder à son désir d'avoir la tête de Britney Spears. Selon le spécialiste, il existe plusieurs catégories de forcené(e)s. Celles et ceux qui ont déjà été opérés et qui veulent que cela se voit davantage. « Cela nous pose un vrai problème pour nous médecins, notre limite étant le résultat naturel », argumente le chirurgien esthétique. Il donne ainsi son go pour traiter une bouche qui s’est affinée avec l’âge, « les anciennes photos et le caractère familial feront autorité ». Mais s'interrogera à deux fois, pour repulper les lèvres d'une personne qui a toujours eu ce type de morphologie. « On peut se poser la question de savoir jusqu’où peut aller sa demande », éclaire le spécialiste. Certaines patientes ravies des bénéfices d’une rhinoplastie, d’une augmentation mammaire peuvent souhaiter agir sur un autre problème esthétique. Si la demande devient exagérée, le spécialiste pose la limite dans la sécurité du geste opératoire. « Toute opération qui excède quatre heures devient contestable. C’est là que l’on voit si la demande est acceptable où si la ou le patient est en train de fantasmer », insiste le Dr Mitz. Rien à côté des « extrémistes transformateurs » : augmentation des pommettes, prothèse-cornes au-dessus des sourcils, comme l’artiste contemporain Orlan… « Ce sont des patients dangereux manipulateurs qui peuvent aller jusqu’à agresser physiquement le praticien - chaque année, il y a des chirurgiens esthétiques agressés dans le Monde - parce qu’ils n’obtiennent pas gain de cause », alerte le spécialiste. Qui va piano va sano.

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